Y-CS

Les jeunes ont un lien particulier aux médias sociaux et aux TIC [technologies d’information et de communication]. De fait, de plus en plus de gens, nés à l’ère numérique, sont exposés dès le jeune âge aux médias sociaux et aux TIC. Aux quatre coins du monde, des jeunes découvrent des utilisations novatrices et créatives des technologies à leur disposition, leur permettant de communiquer et d’accéder à l’information ainsi qu’aux outils et aux services dont ils ont besoin afin d’être en santé et de le rester.

L’organisme Zimbabwe Young Positives ne fait pas exception à la règle. Il est membre du groupe African Young Positives (AY+), un réseau régional pour et par des jeunes vivant avec le VIH/sida en Afrique. Avec divers partenaires dans son pays, Zimbabwe Young Positives collabore à développer des projets et interventions de jeunes pour les jeunes. Son travail et celui d’autres groupes s’inscrit dans une relation de réelle réciprocité; ses homologues de la région subsaharienne sont soutenus par AY+ et contribuent aux activités du réseau régional.

Zimbabwe Young Positives et AY+, comme les réseaux d’autres régions, utilisent la puissance des médias sociaux et des TIC pour mobiliser les jeunes, les informer et les habiliter. Voici quelques leçons retenues jusqu’ici du travail de ces réseaux.

 

Annah Sango-Page, adjointe de programme chez Zimbabwe Young Positives et agente de plaidoyer pour AY+, affirme que « la plupart du temps, nous n’avons pas assez d’argent pour nous réunir en personne puisque, comme les autres organismes jeunesse, nous n’avons que peu ou pas de financement ». Ceci n’empêche pas les organismes de jeunes de fonctionner, grâce à d’autres plateformes. AY+ est un de ces organismes qui réalise un travail important dans 23 pays du continent africain pour favoriser des interventions en développement communautaire durable pour et par les jeunes.

Son personnel a recours à un éventail de plateformes afin de se réunir, de faire son travail et d’entrer en relation avec des réseaux nationaux de personnes vivant avec le VIH; il utilise notamment Whatsapp, Webex et Skype. Le site web d’AY+ permet aux jeunes de s’inscrire et d’accéder à un portail en ligne par le biais duquel ils peuvent recevoir de l’information et du mentorat de leurs pairs. AY+ travaille également à développer MINDS UP©, une appli par et pour les jeunes, afin de leur fournir de l’information sur le VIH, la tuberculose et la santé sexuelle et génésique en tenant compte des cinq grands axes du quotidien d’un jeune – mouvement, santé, mode de vie, socialisation et éducation. Le travail réalisé au Zimbabwe aide à jeter les bases du développement d’une appli qui sera pertinente pour tous les membres d’AY+, mais qui prendra en compte les disparités dans l’accès aux traitements et services ainsi que les variations linguistiques et culturelles qui s’observent entre pays membres.

En matière de santé et de sexualité, Annah observe que « les jeunes sont timides lorsqu’il s’agit de poser des questions; ou peut-être ne savent-ils pas où s’adresser ». Conscient de cette réalité, Zimbabwe Young Positives collabore avec d’autres organismes à s’assurer que des plateformes exemptes de coercition, de stigmatisation et de discrimination soient à la disposition des jeunes. Prenons par exemple U-Report Zimbabwe, un service inspiré d’un projet qui a vu le jour en Ouganda : ce système gratuit de messages textes ne se limite pas à répondre aux questions des jeunes : il contribue à les impliquer dans le suivi et la documentation de ce qui se passe dans leur pays.

UReport

Après l’inscription à ce service par l’envoi d’un message texte à un numéro sans frais, les jeunes deviennent des « U-Reporters ». Ils sont invités à répondre à des sondages, par exemple, et à transmettre des rapports en cas de rupture de stock de médicaments, d’agression sexuelle ou d’autres violations de droits humains. Individuellement et collectivement, ils contribuent à responsabiliser leurs leaders afin qu’ils respectent leurs engagements et promesses.

Tout en faisant état de leurs expériences, les jeunes sont arrimés aux soins et services dont ils ont besoin. Par exemple, un jeune qui envoie un message texte à U-Report Zimbabwe signalant une pénurie d’antirétroviraux recevra une réponse lui indiquant la clinique la plus proche où il peut obtenir des médicaments. S’il n’a pas les moyens de se rendre à cette clinique, U-Report peut l’aider à trouver des fonds d’urgence auprès du ministère de la Santé, à l’aide d’une des applis mobiles qui permettent les transferts d’argent dans le pays. Vu que U-Report Zimbabwe sert de lien entre la personne et le ministère, il arrive que le transfert prenne un certain temps; c’est pourquoi l’organisme espère arriver à créer un fonds qu’il pourra administrer directement afin d’aider les jeunes à avoir accès aux services dont ils ont besoin.

Ceci touche une réalité plus générale, au Zimbabwe et ailleurs dans le monde : les ressources à la disposition des jeunes sont souvent limitées. Zimbabwe Young Positives développe à présent une appli semblable au modèle d’U-Report, qui permettrait à ses usagers d’avoir accès à de l’information sur la santé sexuelle et génésique, de programmer des rappels pour la prise de médicaments et de repérer les services les plus près de chez eux. Puisque les jeunes du Zimbabwe n’ont pas tous accès à un téléphone, et encore moins à un téléphone intelligent et/ou à un serveur wifi, l’appli est développée pour s’adapter à divers niveaux technologiques. Elle sera facile à naviguer, pour répondre au degré de savoir-faire technologique de l’utilisateur.

Lorsqu’on demande à Annah ce qui est nécessaire pour qu’une intervention soit conviviale pour les jeunes, en plus de technologies accessibles, elle souligne la nécessité d’un langage que les jeunes comprennent. Même pour livrer des connaissances techniques ou scientifiques, il est important d’utiliser des mots que les jeunes comprendront et, lorsque possible, de rendre les définitions et lexiques faciles d’accès par les technologies proprement dites, afin que l’information soit accessible.

Dans le contexte multilingue du Zimbabwe, cela signifie également qu’il faut que les jeunes aient la possibilité d’avoir accès à l’information en anglais, en shona ou en ndébélé, les langues les plus parlées dans le pays. Ceci demeure une considération clé pour le développement de « appli » U-Report; dès le début, ils travaillent à créer un modèle flexible qui peut être facilement transmis en plusieurs langues. Puisque la phase d’essai de l’appli au Zimbabwe éclairera également le développement de MINDS UP© au palier panafricain, le développement d’une structure souple facilitera le processus de l’adaptation de l’information aux langues et réalités des pays voisins.

Étant donné que les médias sociaux et les TIC sont des modes de communication dans deux directions, les interventions ne doivent pas seulement « parler » la langue des jeunes, mais également comprendre leur langage.

Étant donné que les médias sociaux et les TIC sont des modes de communication dans deux directions, les interventions ne doivent pas seulement « parler » la langue des jeunes, mais également comprendre leur langage.
Et qui est mieux placé que des jeunes, pour communiquer avec des jeunes? Le modèle U-Report a recours à des jeunes de la communauté, comme conseillers; des jeunes sont formés pour cela et on leur fournit les outils dont ils ont besoin pour répondre à leurs pairs dans leurs mots. Pour la suite du développement de l’appli, Zimbabwe Young Positives conservera ce modèle pour et par les jeunes, en formant des jeunes et en mettant à leur disposition les technologies dont ils ont besoin pour être des conseillers et des modèles de rôle pour leurs pairs.

 

FAITS INTÉRESSANTS :

  • Les jeunes sont débrouillards! Même s’ils n’ont pas leur propre téléphone, ils emprunteront celui d’un ami ou d’un membre de la famille afin de communiquer entre eux et de trouver l’information dont ils ont besoin.
  • Les conseillers d’U-Report tentent de répondre aux messages dès leur arrivée, mais les pannes du réseau ainsi que les variations de la couverture selon les intervenants peuvent affecter les délais de réponse.
  • Les médias sociaux et les TIC peuvent être de très bons outils de communication et de collaboration, mais il faut parfois être patient! Il a fallu dix tentatives et trois connexions réussies, pour terminer cette interview avec Annah dans le cadre de notre projet.